L'Islam
Note préliminaire
L'Islam est avec le Christianisme et le Judaïsme une religion monothéiste dont la pierre angulaire est la croyance en un seul Dieu. On nomme ces trois religions les religions du livre car elle font toutes référence à la Bible (du grec biblia "livre") bien que le livre saint le plus important pour l'Islam soit un autre ouvrage, le Coran (Qur'ân). Jérusalem est un centre sacré pour chacune d'elles, on la nomme la trois fois sainte. Le dôme du rocher, troisième lieu saint de l'Islam après La Mecque et Médine trône devant le mont des oliviers où Jésus pria avant son arrestation. C'est sur la montagne de Jérusalem que le roi Salomon au VIIIème siècle avant J.C. construisit le temple du dieu unique. C'est là que Jésus entra sur une ânesse pour dire la bonne parole, c'est dans la ville sainte qu'il fut arrêté, jugé, crucifié et qu'il ressuscita. Et c'est sur un haut rocher de Jérusalem que le prophète Muhammad s'envola d'un bond de sa jument ailée jusqu'au ciel.
Muhammad est comme l'affirme ce verset du Coran (Qur'ân) (48:29) "Le messager d'Allâh". |
On utilise souvent à tort le nom de Mahomet pour désigner le
prophète Muhammad, nom que l'on ne retrouve jamais dans le Coran (Qur'ân),
il convient donc de toujours utiliser Muhammad. Concernant les représentations
d'Allâh et de Muhammad, il n'existe pas dans le Coran d'interdiction franche.
Ce sont les hadiths qui fustigent l'image, la création de celle-ci étant
en concurrence avec la création divine et donc sacrilège. Historiquement
on trouve cependant une période où l'on a représenté
le prophète toujours coiffé d'une flamme. Il s'agit de la période
Ottomane où de nombreuses enluminures ont été créées.
Dans ces pages vous ne trouverez donc, pour ce qui concerne les représentations
de Muhammad, que des illustrations de cette période.
D'autre part la langue arabe pouvant donner lieu à diverses traductions en français,
vous trouverez donc souvent dans ces pages la traduction la plus utilisée
dans les ouvrages de vulgarisation avec entre parenthèses la traduction la plus
conforme à l'original comme par exemple Coran (Qur'ân).
Ces pages ont été corrigées et validées par :
Dr. Diane Steigerwald
Religious Studies
Department
California State University (Long Beach)
1250 Bellflower Boulevard
Long Beach, California 90840
Les origines
Les origines de l'Islam se confondent avec la vie de Muhammad. Né
vers 570 à La Mecque, il fut élevé par son grand père
puis par son oncle Abû-Tâlib. A l'âge de 25 ans, il
fit la connaissance de Khadîja, une riche veuve de 30 ans qui lui
confia la vente de marchandises en Syrie. Petit à petit il prit en charge
la gestion des caravanes et finit par épouser Kadîja. Ensemble
ils eurent sept enfants parmi lesquels Fâtima, la future épouse
de son cousin 'Alî. Il mena alors une vie prospère en recherchant
le calme et en s'imposant des retraites à l'écart du monde.
En 605, un incendie
éclata dans le célèbre temple de La Mecque qui
possédait dans ses fondations le pierre noire qui, selon la
légende, aurait été découverte par Abraham et son
fils Ismaël dans les sables du désert. Seuls les fondements
échappèrent à l'incendie. Muhammad décida de
participer à la reconstruction du temple et fut choisit pour remettre en
place la pierre noire.
C'est au mont Hira', près de La Mecque que l'archange Gabriel apparu en rêve à Muhammad. Il lui révéla la parole de Dieu et lui ordonna de proclamer aux hommes le message divin. |
Vers 609, c'est au cours d'une de ses nombreuses retraites en solitaire qu'il
eût en rêve la visite de l'archange Gabriel. Celui ci commença
à lui transmettre les révélations d'Allâh. Après
quelques années, un premier groupe de fidèles à cette nouvelle
culture monothéiste se forma autour de lui. Ils rejetaient en bloc les
cultes polythéistes en vigueur à La Mecque. L'archange Gabriel
lui ayant demandé d'exhorter ses frères à n'adorer qu'un
seul Dieu et à pratiquer la charité, il envoya ses disciples,
qu'il nommait musulmans "(muslimûn) ceux qui se soumettent à la
volonté de Dieu" prêcher aux environs de la Mecque. Mais les prêtres
des cultes en place déclenchèrent des représailles contre
les fidèles de Muhammad qui furent torturés. Nombre de survivants
quittèrent alors La Mecque. La nouvelle religion prit le nom d'Islam
"salut et soumission à Dieu", tous les croyants étant frères
et égaux devant Dieu.
La vie du prophète devint alors très rude, il perdit son épouse
et son oncle. Il partit lui aussi de La Mecque et après de nombreuses
pérégrinations, il arriva à Yathrîb (Médine)
où il retrouva ses premiers disciples. Petit à petit les quelques
disciples restés à La Mecque le rejoignirent. C'est en 622 que
fut institué l'an 1 de l'Hégire (émigration).
Muhammad appela ses compatriotes à se détourner du polythéisme et à se préparer au jugement de Dieu. Il se consacra comme le montre cette miniature à l'enseignement du dogme. |
Le ton monta rapidement entre les deux villes car les caravanes de
pélerins devant se rendre à La Mecque étaient
détournées par les Médinois. Ils en vinrent aux armes et
l'armée de Muhammad remporta une première confrontation à
Badr. De nombreuses autres batailles suivirent. Au cours de cette
période les juifs de Médine qui contestaient sa valeur de
prophète, et refusant donc de se battre à ses côtés,
furent expulsés de la ville. Cela amena un changement dans la
prière des musulmans. Ils se tournèrent dès lors en
direction de la Mecque alors que jusqu'à présent ils se
tournaient vers Jérusalem.
Muhammad proposa alors la paix aux
Mecquois et négocia avec eux en 628. Il se consacra alors à la
propagation de sa religion sans beaucoup de succès. En 630, à la
tête de dix mille hommes, il prit La Mecque sans violences et ordonna la
destruction des autels aux Dieux païens. Il réorganisa
l'administration et retourna à Médine.
Le 6 juin 632 après une courte maladie, il s'éteignit. Rapidement
après sa mort, deux femmes se disputèrent le pouvoir, 'Â'isha,
son épouse favorite (il en eu 14 excepté sa première femme)
et Fâtima la fille qu'il avait eu avec Kadhîja.
Ascension de Muhammad sur son cheval Bûraq. L'ascension de Muhammad eu lieu à partir du rocher protégé par le dôme de la mosquée d'Omar (de 'Umar). |
Cette querelle allait entraîner une guerre et de nombreuses violences mais surtout un schisme qui sépara les islamistes en deux camps, les Sunnites et les Chiites (Shî'ites).
Les textes
Le livre sacré de l'Islam, l'un des plus grands ouvrages spirituels
du monde, est le Coran (Qur'ân) un mot que l'on traduit par récitation.
Le Coran (Qur'ân) est donc le livre qui doit être récité
ou lu. C'est aussi le premier mot de la révélation divine à
Muhammad qui est inscrit dans la plus ancienne sourate Coranique (qur'ânique),
la sourate (sûra) 96.
Le Coran (Qur'ân) est considéré comme étant de source
divine, éternel et non pas créé, et ayant existé
auprès de Dieu avant même la création, sous la forme d'un
livre originel céleste (umm al-kitâb) littéralement
Mère du livre ou Parole de Dieu dont le message a été transmis
directement et sans altération à Muhammad. Pour les musulmans,
le Coran (Qur'ân) livre le message de Dieu à l'humanité
et constitue le point culminant de toutes les écritures sacrées
qui l'on précédé.
Le Coran (Qur'ân) se compose de 114 sourates (sûras) où chapitres ouvertes par une expression que l'on peut traduire par "Au nom de Dieu tout puissant et miséricordieux". Les révélations divines, intégralement recueillies dans le livre furent communiquées à Muhammad en plusieurs temps, à La Mecque d'abord, puis à Médine. La principale méthode de conservation des sourates (sûras) était la mémoire. Dès que le prophète recevait une révélation, il en faisait part à ses compagnons afin que ceux ci la retienne également. Des copistes avaient pour tâche de transcrire ces révélation mais à la mort de Muhammad en 632, le texte, bien que quasiment transcrit dans sa totalité, se trouvait sur des supports très divers et n'était pas structuré, le temps ayant manqué au prophète.
Abû Bakr, premier calife après la mort de Muhammad. |
Abû Bakr, le premier calife (632-634) commença à
collationner les révélations mais c'est sous le califat d'Omar
(de 'Umar) (634-644) que l'on confia à Zayd ibn Thâbit
le soin de rédiger l'ensemble. Ce travail dura un an pendant lequel Zayd
ibn Thâbit prit le soin de vérifier que chaque document écrit
l'avait été en présence du prophète avec deux témoins
oculaires. Il confronta le texte avec la mémoire de ceux qui connaissaient
le mieux le Coran (Qur'ân) par cur. Avec le troisième calife
Othman ('Uthmân) (644-656) se posa un nouveau problème.
L'Islam s'étant étendu, les musulmans de chaque région
avaient appris des passages du Coran (Qur'ân) auprès de compagnons
du prophète installés chez eux. Or Muhammad avait appris à
ces divers compagnons des variantes de prononciation ce qui provoque certaines
confusions. Othman ('Uthmân) chargea alors une commission de 4 membres
présidée par Zayd ibn Thâbit de produire un nouvel exemplaire
du texte en y faisant figurer les variantes de lecture pour éviter d'éventuelles
divergences. Cette version appelée la Vulgate fut reconnue par tout le
monde musulman, de l'Inde au Maghreb. Une version fut conservée à
Médine, tandis que les autres étaient envoyées à
La Mecque, à Kûfa, à Bassora et à Bagdad.
Dès le premier siècle de l'hégire (VIIème
siècle) le besoin de correction du texte au niveau de l'orthographe se
fit sentir avec l'expansion de l'Islam. Ainsi petit à petit des signes
diacritiques (points distinguant les lettres) et des symboles de voyelles furent
ajoutés non sans hésitation au sujet de la légalité
de telles modifications. Mais elles furent admises devant le risque de déformation
de la lecture faute de signes. Au cours du temps on vit ensuite apparaître
des signes marquant le fin des versets, la numérotation, les titres des
sourates (sûras) et le découpage en parties sans pour autant altérer
le texte lui même.
Une page du Coran (Qur'ân), livre saint dans lequel est inscrite la révélation faite par l'ange Gabriel à Muhammad telle qu'il l'a apporté aux hommes. |
Il y a 4 thèmes majeurs dans le Coran (Qur'ân).
1) Le Dieu unique.
La foi en un Dieu seul et unique, Allâh, est le dogme au cur
de l'Islam. La lutte contre tout polythéisme et l'affirmation exclusive
de l'unicité (tawhîd) d'Allâh sont des thèmes centraux
des enseignements religieux de Muhammad. Il est le Vivant, le Tout puissant,
l'Invincible, le Très haut, la Vérité, le Réel,
la Lumière des cieux et de la terre
Les noms des attributs de Dieu
sont innombrables. Le texte du Coran (Qur'ân) en donne beaucoup, la tradition
va jusqu'à en compter 99 mais celui qui revient sans cesse est le Miséricordieux.
L'unicité d'Allâh est sans cesse formulée, comme dans la
courte sourate (sûra) 112, 1-4. "Dis: il est Dieu, il est un, Dieu de
plénitude qui n'engendre, ni ne fut engendré. Et nul n'est égal
à lui" . Aussi en dépit du grand respect et de la vénération
que le Coran (Qur'ân) témoigne à Jésus, l'Islam ne
reconnaît pas au Jésus historique de divinité. Il refuse
de voir en lui le fils de Dieu et considère de telles affirmations comme
une exagération intervenue ultérieurement dans les écritures
des chrétiens.
2) L'action de Dieu.
Dieu est présenté dans le Coran (Qur'ân) comme le libre
créateur de toute chose. Le Coran (Qur'ân) souligne aussi parfois
que Dieu a créé le monde en prononçant simplement le mot
créateur "Sois !" et il fut. Toutes les lois qui régissent le
monde, et entre autre la causalité, sont directement issues de la volonté
et de la sagesse divine. La création s'entend ici comme création
permanente de Dieu. Le monde dépourvu de cohésion autonome est
à chaque instant recréé par Dieu et il en est de même
de l'être humain. Et avec ces hommes qu'il crée, il signe un pacte,
il conclut une alliance: "Avec les prophètes, avec Noé, Abraham,
Moïse et Jésus, fils de Marie, nous avons conclu une alliance éternelle
, afin que Dieu demande compte aux véridiques de leur sincérité,
mais il a préparé pour les incrédules, un châtiment
douloureux" (sourate (sûra) 33, 7-8).
La Kiswa est l'étoffe qui recouvre la Kaaba (Ka'ba). Elle est entièrement ornementée de textes du Coran (Qur'ân). Au centre, il est question du retour du prophète à La Mecque pour chasser les idoles et en faire un sanctuaire de l'Islam. |
3) La soumission à Dieu.
Islam est un mot qui signifie soumission. "Celui qui s'est soumis à Dieu
et qui fait le bien aura sa rétribution auprès du seigneur" (sourate
(sûra) 2, 112). Tout ce qui arrive à l'être humain est voulu
par Dieu, c'est la prédestination (maktûb). En raison de
l'importance accordée à la prédestination, le problème
du libre arbitre devint un point de controverse au cours de l'étude de
la relation Dieu-homme. C'est ainsi qu'aux premiers temps de l'Islam, ceux qui
contestaient la liberté humaine, les Jabrites, entrèrent
en conflit avec les défenseurs de la liberté de l'homme de décider
et d'agir, les Mu'tazilites, dont la doctrine devint officielle au IXème
siècle durant une courte période. C'est l'école des Ash'arites
qui s'est imposée depuis le Xème siècle. Elle
situe tous les actes sur un plan double. Toute action est créée
par Dieu en l'homme, mais l'homme approuve cette action et la reprend à
son compte dans un processus d'acquisition, ce qui lui donne un sentiment de
liberté. Cette faculté de reprise et d'assimilation a été
elle-même crée par Dieu en l'homme.
4) L'Au-delà.
La foi dans le jugement dernier constitue un élément essentiel
de l'Islam. Pour les musulmans, la mort signifie la séparation du corps
et de l'âme. Le jugement dernier est représenté de manière
presque aussi martiale et colorée que dans l'Apocalypse selon St Jean
du Christianisme. Les actes des hommes sont inscrits dans des livres et le tribunal
de Dieu les cite et accuse. Ensuite Dieu seul prononce la sentence qui sépare
les justes des injustes. Les tourments de l'enfer sont dépeints avec
la même sensualité et la même force que les plaisirs du paradis.
La prise en compte des bonnes actions ne considère pas seulement la foi,
mais aussi son expression pratique, c'est à dire le lien entre cette
foi et les bonnes uvres exercées. Le Coran (Qur'ân) mentionne
dans plusieurs passages la surabondance de nourritures et de délices
des sens qui attendent les justes au paradis (sourate (sûra) 47, 15).
A La Mecque, Muhammad se présenta comme le chef de la première communauté islamique, il rassembla rapidement ses premiers disciples. |
Lors de la révélation du Coran (Qur'ân), eut lieu vers
615-616, d'après la tradition, l'affaire des versets sataniques. A cette
époque les fidèles de la nouvelle religion étaient particulièrement
persécutés par les adorateurs des trois divinités féminines
de la Kaaba (ka'ba) (al-Lât, al-Uzzâ et Manât). Allâh
révéla alors à Muhammad la sourate (sûra) de l'étoile
(An-Najm) que le prophète choisi de réciter sur l'esplanade de
la Kaaba (Ka'ba) devant un public composé de fidèles et d'idolâtres.
Il récita le début de la sourate (sûra) où il était
question des trois divinités. Puis, toujours d'après la tradition,
il y eut un instant de silence à la suite duquel il prononça les
deux versets:
"Ce sont de sublimes déesses
Et
leur intercession est certes admise."
Les idoles se trouvaient donc intégrées à la nouvelle religion,
leur intercession étant acceptée. Cela remplit de joie les opposants
mais heurta la foi de quelques musulmans qui croyaient en un dieu unique et
omnipuissant. Cette crise majeure dans l'Islam naissant, qui aurait pu modifier
profondément son devenir, est un point obscur car sur la période
qui a suivi cette révélation, la tradition est particulièrement
muette et aucune information ne nous est parvenue ce qui a alimenté les
polémiques au cours des siècles. On sait seulement que Muhammad
affirma que l'ange Gabriel lui reprocha énergiquement ces versets et
que la crise prit fin avec la révélation de la sourate Joseph
(Yûssûf) où l'on apprend que l'hommage aux idoles n'était
qu'une tentation inspirée par Satan et pardonnée au prophète
par la miséricorde d'Allâh. Les versets sataniques furent donc
abrogés ce qui raviva les persécutions envers les musulmans.
Calligraphie du nom du prophète. Lorsque l'on prononce ou que l'on écrit son nom, on doit toujours le faire suivre de la formule "Que le salut et la bénédiction de Dieu soient sur lui". |
A la mort du prophète, la communauté entreprit de rassembler
ses préceptes, ses paroles et le récit de ses actes. La tradition
du prophète (sunna) a été compilée en une
série de compte-rendus connus sous le nom de hadîths. Un
hadîth est composé de deux parties, le texte (matn) et une chaîne
de transmetteurs (isnâd) qui doit idéalement remonter jusqu'à
Muhammad ou à défaut à l'un de ses proches compagnons.
C'est à la fin du VIIIème siècle et au début
du IXème qu'eurent lieu les plus grands rassemblements de
hadîths. Parmi les proches du prophète, les plus importants transmetteurs
sont Abou Houraya son serviteur, 'Â'isha son épouse préférée,
Anas ibn Mâlik qui se mis très jeune à son service et Abdullah,
le fils du second calife Omar ('Umar). A l'époque médiévale,
ces commentaires donnèrent lieu à de grands débats car
les commentateurs émettaient des opinions postérieures à
la vie du prophète. On créa donc la science des hadîths
('ilm al-hadîth) qui aboutit à une classification selon la composition
de la chaîne des transmetteurs, ceux remontant au prophète ayant
une plus grande importance. Parmi les recueils de hadîths les plus importants
on trouve celui d'al-Kûlaynî pour les sunnites et celui d'al-Bukhari
pour les chiites (shî'ites). Les hadîths chiites (shî'ites)
sont plus complexes mais, transmis par les imams, ils ont la même utilité,
celle d'expliquer le Coran (Qur'ân) et d'être la source de la pensée
religieuse et juridique.
On désigne par sîra, l'ensemble des biographies du prophète.
La plus célèbre est celle d'Ibn Ishâq écrite un siècle
après la mort de Muhammad. Si ces biographies ont un grande valeur religieuse,
leur réalité historique est assez douteuse.
Les hadîths et la sîra servirent au cours des siècles de
point de départ à de nombreux récits sur la vie et les
actes du prophète.
Les 5 piliers de l'Islam
En ce qui concerne le culte, l'Islam s'appuie sur ce qui est appelé les 5 piliers de l'Islam ou obligations majeures, les arkân ad-dîn.
1) La profession de foi (shahâda).
Elle doit être prononcée en arabe. "J'atteste qu'il n'est de Dieu
que l'unique et j'atteste que Muhammad est l'envoyé de Dieu". On devient
musulman par l'énoncé volontaire et sincère de cette formule
devant témoins. L'entrée au sein de la communauté des croyants
est irrévocable et l'apostasie est punie de mort. C'est la raison pour
laquelle les savants juristes islamiques soulignent la gravité de cette
démarche et recommandent un examen scrupuleux de la disposition intérieure.
L'adhésion à la foi ne peut se faire qu'en toute liberté
et sans contrainte. La shahâda est le seul des 5 piliers à faire
l'objet du dogme théologique et non des lois de la sharia (sharî'a).
L'adhân est l'appel à la prière
lancé par le muezzin cinq fois par jour: Dieu est le plus grand (4 fois) J'atteste qu'il n'y a de Dieu que Dieu (2 fois) J'atteste que Mouhammad est le messager de Dieu (2 fois) Venez à la prière (2 fois) Venez au succès (2 fois) (Pour la prière du matin : La prière vaut mieux que le sommeil) (2 fois) Dieu est grand (2 fois) Il n'y a de Dieu que Dieu (1 fois) |
2) La prière rituelle (Salât).
Les 5 prières dont le moment est fixé avec précision, le
matin, le midi, l'après midi, le soir et la nuit sont destinées
à rappeler nuit et jour aux musulmans leur situation d'adorateurs d'Allâh.
La prière collective est annoncée aux croyants par les muezzins
du haut des minarets des mosquées. Le salât doit être dit
par les croyants là où ils se trouvent mais un certain nombre
d'entre eux au moins doivent le dire à la mosquée. La solidarité
des musulmans est mise en lumière par le fait que tous les fidèles
disent la prière tournés vers la Kaaba (Ka'ba) de La Mecque.
La salle des ablutions de la mosquée Hassan II à Casablanca. La pureté rituelle (tahâra) est une condition préalable à tous les actes religieux et rituels. |
La pureté rituelle (tahâra) est une condition préalable à tous les actes religieux et culturels. C'est pourquoi le croyant exécute une série d'ablutions rituelles pour se trouver en état de pureté. Chacune des prières de la journée se termine par la louange "Allâhu Akbar" (Dieu est grand) et par une récitation de la première sourate (sûra) du Coran (Qur'ân) ce qui fait que chaque fidèle dit "Salâm alaykum" (la paix soit avec toi) à ses voisins de droite et de gauche. La liturgie du vendredi midi à la mosquée est constituée par la khutba, sorte de prêche qu'un prédicateur doit faire debout. A l'inverse des juifs et des chrétiens, Muhammad avait choisi le vendredi comme jour de prière sans en faire un jour de repos civil.
Le Salât où prière fait partie des obligations religieuses à heure fixe et à l'endroit où se trouve les croyants. Ils se tournent vers la Kaaba (Ka'ba) de La Mecque, ils s'agenouillent et touchent le sol de leur front en signe d'abandon à Dieu. Les cinq prières journalières sont: Salât al-Subh, Salât al-Zuhr, Salât al-'Asr, Salât al-Maghrîb et Salât al-'lshâ. |
3) L'aumône (Zakât).
Cette institution a pour but de purifier l'âme du croyant de l'avarice,
de l'avidité, de la convoitise et de cultiver en elle l'esprit de partage
et de sacrifice. C'est aussi le fondement de l'action sociale de tous les musulmans.
Le Zakât n'est pas un acte volontaire, mais une obligation religieuse.
Le Coran (Qur'ân) évoque peu l'importance et la fréquence
des aumônes et s'intéresse plus à la valeur intrinsèque
de l'acte de donner et au comportement éthique de celui qui donne. Après
la mort de Muhammad, le système juridique de l'Islam a proposé
une réglementation précise de l'aumône légale. La
sharia (sharî'a) fixe de manière précise les taux de prélèvement,
qui dépendent de la diversité des biens et de la nature des produits
qui y sont soumis. Les bénéficiaires des aumônes sont divisés
en 8 catégories dont les pauvres et nécessiteux, les orphelins,
les malades, les voyageurs en détresse
et les uvres publiques
à la gloire d'Allâh. En fait le Zakât fait le lien entre
l'obligation religieuse et culturelle et une juridiction fiscale de caractère
profane.
4) Le jeune rituel du ramadan (sawm).
Le neuvième mois de l'année musulmane, chaque croyant doit s'abstenir
de manger, de boire, de fumer et de s'adonner aux plaisirs de la chair entre
le lever et le coucher du soleil. L'autodiscipline corporelle doit permettre
la purification intérieure. Le mois de jeûne du ramadan est comparable
à l'examen de conscience qui est accompli pendant le jeûne du carême
chez les chrétiens. Mais seuls les musulmans, majeurs et en bonne santé
sont soumis au Sawm. Les vieillards, les malades, les femmes enceintes, et les
mères allaitant sont dispensés du jeûne qu'ils doivent rattraper
en pénitence particulière. Le fréquentation des mosquées
augmente au 27ème jour du ramadan quand dans "la nuit du destin"
(laylat al-qadr) est commémorée la première révélation
de la parole de Dieu au prophète. Cette nuit-là, le prophète
Muhammad eut la révélation de la mission dont il allait être
chargé par Allâh.
Le sanctuaire de la Kaaba (Ka'ba) à La Mecque est le plus important du monde musulman. Chaque pèlerin s'efforce d'y accomplir au moins une prière. L'accès est strictement interdit aux non musulmans. |
5) Le pèlerinage à La Mecque (Hajj).
Tout musulman doit entreprendre ce pèlerinage au moins une fois dans
sa vie, si sa santé, sa situation financière et la sécurité
du voyage le permettent. Arrivé à proximité de La Mecque,
chacun d'eux accomplit un rite de sacralisation (ihrâm) et formule pour
lui même le sens et la forme de son pèlerinage. Il revêt
une simple pièce de tissu blanc pour exprimer son désir de purification
et se soumet à certaines règles. Dans la grande mosquée
de la Mecque, il déambule 7 fois autour de la Kaaba (Ka'ba) (Tawâf)
puis 7 fois entre les collines Al-Safa et Al-Marwa. Le pèlerinage
signifie la vénération de La Mecque comme centre de rassemblement
pour les musulmans du monde entier.
Le Rocher sacré à l'intérieur de la mosquée du Dôme du Rocher à Jérusalem. On pense que ce rocher est au sommet du mont Moriah, sur le lieu du sacrifice d'Ismaël par Abraham dont les musulmans sont les descendants. |
Les groupes et écoles
Le monde musulman est divisé en 2 grands groupes, les sunnites et les
chiites (shî'ites).
Les sunnites (ceux qui suivent la sunna: ensemble des
paroles et des actes du prophète et de la tradition) sont
généralement considérés comme les musulmans
orthodoxes et représentent près de 90% des musulmans dans le
monde.
Les chiites (shî'ites) (partisans de 'Alî, cousin et gendre
de Muhammad, dont l'épouse Fâtima était la seule survivante
des enfants de son beau père) voient en Alî le successeur légitime
du prophète d'où leur nom, dérivé de shî'at
'Alî, qui signifie "le parti de 'Alî". Ils représentent environ
10% des musulmans.
La rupture entre chiites (shî'ites) et sunnites survint après
la mort de Muhammad en 632 car ce décès inattendu laissa la communauté
sans chef. La tribu Quruychite imposa l'un des siens comme successeur, le vieil
Abû Bakr, beau père de Muhammad. Celui ci régna comme
calife de 632 à 634. Il réprima les mouvements de mécontentement
au sein des musulmans d'Arabie et étendit les frontières de l'Islam
à la Syrie byzantine.
Omar ('Umar) lui succéda jusqu'en 644 et étendit les frontières
de l'Islam en Egypte et en Iran. Grand homme politique, Omar ('Umar) fut le
premier à se déclarer "commandeur des croyants". Il fut assassiné
par un esclave perse et à sa mort, 6 des compagnons de Muhammad élirent
un nouveau chef du clan des Omeyyades (Umayyades), Othman ('Uthmân).
Il régna jusqu'en 656. Originaire de La Mecque, il avait rejoint très
tôt Muhammad et il fit promulguer le texte officiel du Coran (Qur'ân),
mais il se rendit très impopulaire en pratiquant des détournements
de fonds et fut accusé de népotisme. Il fut assassiné à
Médine par des membres égyptiens et irakiens et c'est en déclenchant
une guerre civile que ce meurtre fut à l'origine du schisme sunnisme-chiisme
(shî'isme).
En 657, un troisième groupe se forma, les Khârijites qui se désolidarisèrent
de 'Alî.
Les musulmans sont séparés en deux groupes principaux, les sunnites (majoritaires) et les Chiites (Shî'tes) ("partisans de 'Alî"). Les Khârijites forment un troisième groupe fondé en 657 par désolidarisation de Alî parce qu'il avait accepté de soumettre sa légitimité à le tête du Califat à un arbitrage. Avec le temps, les Chiites (Shî'tes) se divisèrent en de nombreux groupes dont les plus importants sont les Duodécimains qui reconnaissent douze Imams et les Ismaéliens nizâriens qui ont toujours un Imâm vivant. |
Les sunnites
L'Islam à majorité sunnite vit naître 4 écoles juridiques
orthodoxes.
L'école des Hanafites, fondée par Abû Hanifa
(699-767) fut la première et la plus répandue. Elle est la plus
libérale et laisse le champ libre à la raison et au libre arbitre.
Cette école est dominante en Asie centrale, en Inde, au Pakistan, en
Turquie, en Afghanistan et dans certaines régions de l'Egypte et de la
Tunisie.
L'école des Malékites, fondée par MAlîk
ibn Anâs (715-795) est très conservatrice et s'appuie sur le
droit coutumier en vigueur à Médine au temps du prophète.
Elle domine en Afrique du nord et de l'ouest, en Mauritanie, au Soudan et au
Koweït.
L'école des Chaféites a été fondée
par Ach-Shâfi'î (767-820) élève des deux écoles
précédentes. Son mérite résidant dans la distinction
qu'elle a su faire au sein des principes juridiques. Elle est répandue
dans tout le Proche Orient, en Indonésie, Malaisie, Jordanie, Palestine,
Syrie, Liban et quelques régions d'Egypte.
L'écoles des Hanbalites, fondée par Ahmad ibn Hanbal
(780-855) incarne une piété rigoureuse, traditionnelle et sans
compromis. En raison de sa rigidité, cette école est peu répandue.
Elle domine en Arabie Saoudite et dans certains petits états de la presqu'île
arabique. Elle est également présente en Syrie, en Irak et en
Algérie.
Ces 4 écoles qui s'affrontaient parfois durement sont arrivées
à s'harmoniser en ce qui concerne la pratique de la religion. Elles reconnaissent
toutes 4 racines du droit qui sont:
- Le Coran (Qur'ân).
Le Coran (Qur'ân) est l'autorité non négociable de la vie
et de la croyance musulmanes. Cependant comme il ne traite pas de toutes les
circonstances en détail, les paroles, les actes et les silences de Muhammad
et de ses compagnons sont acceptés comme un commentaire vivant de ce
que signifie le Coran (Qur'ân) et de la façon dont il faut l'appliquer.
Ce commentaire fait l'objet de six recueils révérés, le
Sahih, ce qui signifie "authentique" et cette pratique coutumière du
prophète se nomme hadîth ou sunna.
- La Sunna.
- Le premier procédé juridique qui s'établit à partir
d'une déduction analogique (qiyâs). Une situation sera jugée
d'après sa ressemblance avec d'autres ayant déjà été
jugées. Ce procédé manifeste la considération des
juristes envers les décisions et jugements pris au début de l'Islam.
- Le second procédé juridique(ijmâ'), ou accord des
savants religieux sur une question, procède d'un consensus. Dans le doute,
le croyant et même des groupes entiers ou des gouvernements s'adressent
à un savant religieux pour qu'il établisse une expertise juridique
concrète, la fatwa. Ainsi celui qui en tient compte se trouve
personnellement dégagé de sa responsabilité puisqu'il se
fie en toute bonne foi au savoir du religieux.
Puis de grandes traditions se sont développées qui ont établi
les codes de la charia (sharî'a) ("Le chemin bien aplani que les chameaux
empruntent pour aller boire"). La charia (sharî'a) instaure un mode de
vie directement inspiré par Dieu, la loi islamique qui en découle
est en principe immuable et elle régit l'attitude des musulmans vis à
vis de l'état et de leurs concitoyens, et détermine leur conscience
ainsi que leur rapport à Dieu.
Les chiites (shî'ites)
Les chiites (shî'ites) ne reconnaissent comme imams que les descendants directs du prophète. Cet arbre généalogique indique quels sont les Imâms reconnus par chacun des groupes chiites (shî'ites). |
Des divergences existent chez les chiites (shî'ites) sur la personne
qui clôt la série des imams. C'est ainsi que l'on distingue 3 groupes.
Les zaydites. La lignée de leur imams se termine par Zayd, un
fils du IVème imam tombé vers 740 au cours de la révolte
contre les Omeyades. Ils sont considérés comme modérés
et tolérants. Il n'y a pas de trace dans leur dogme de l'idée
d'Imâm occulté (ghayb), ni du Mahdî. Ils soulignent comme
particularité la lutte victorieuse des compétents pour la dignité
d'Imâm et rejettent le principe de sa transmission par héritage.
Les dynasties Zaïdites régnèrent plus de 1000 ans de 901
à 1962 sur le Yemen.
Les ismaïliens. L'ismaélisme (ismâ'îliyya) est
né au milieur du VIIIème siècle et demeuré
vivant jusqu'à l'époque actuelle. Il tire son nom d'Ismâ'îl,
fils aîné de Ja'far al-Sâdiq qui le désigna pour lui
succéder. La réforme entreprise par l'ismaélisme vise à
faire triompher l'esprit sur la lettre. Le fils aîné de Mustansir
bi'llâh, Nizâr I, ne pût accéder au califat à
la mort de son père bien qu'il fut désigné, car le visir
al-Afdal l'emprisonna et mit sur le trône son demi-frère, al-Musta'lî.
Cet événement fut à l'origine de la scission entre les
Ismaéliens musta'liens (Bohras) et les Ismaéliens nizâriens.
Âghâ Khân IV devint le 49ème Imâm
en 1957, il a réussi à introduire des réformes majeures
danns la communauté ismaélienne pour faciliter l'adaptation aux
nouvelles situations contemporaines.
Meshed, avec le sanctuaire du huitième imam des chiites (shî'ites) Duodécimains, est un lieu important de pèlerinage et d'étude du monde musulman. |
Les Duodécimains. C'est la branche de plus importante du chiisme (shî'isme) islamique. Ils reconnaissent douze Imâms comme descendants légitimes de 'Alî, le cousin et gendre du prophète et ils soutiennent que les quatre premiers cAlîfes usurpèrent sa place. Ils maintiennent que seuls les descendants directs de 'Alî et de sa femme, Fâtima, la fille du prophète sont d'authentiques imams, infaillibles en matière de religion. Le caractère le plus distinctif des duodécimains tient à ce qu'ils croient au retour de l'Imâm occulté (ghayb). Ils disent que, en 874, le dernier des douze Imâms, Imâm al-Mahdî disparut pour obéir à la volonté de Dieu. Ils pensent qu' al-Mahdî "le bien guidé" est un personnage messianique qui viendra sur terre pour délivrer l'homme du mal et instaurer la règne du bien à la fin des temps et restaurer la religion vraie.
Le Soufisme (Sûfisme)
La tradition mystique de l'Islam est connue sous le nom de soufisme (sûfisme),
de sûf en arabe. Il s'agit d'un vêtement de laine blanche que portaient
les premiers soufis (sûfîs) pour marquer leur détachement
du monde.
Comme les mystiques d'autres religions, les soufis (sûfîs) recherchent
l'union avec Dieu, un but qu'ils atteignent à travers la pauvreté,
le renoncement au monde, l'abstinence et la méditation. On distingue
deux temps forts dans l'histoire du soufisme (sûfisme). Premièrement
celui de son développement initial qui s'étendit du VIIème
au Xème siècle et secondement celui de son organisation
en confréries formelles du XIème au XIIIème
siècle.
Soufis (Sûfîs) en extase. Les soufis (sûfîs) recherchent l'état d'extase au cours duquel l'âme s'unit à Dieu. |
Le mouvement prit naissance en réaction contre l'Islam officiel, celui
des omeyyades, installé à Damas et plus préoccupés
de conquêtes et de biens matériels que de vie religieuse. Le soufisme
(sûfisme) se présentait comme un retour à la pureté
primitive, à la vie intérieure des croyants et à une interprétation
toute spirituelle et ésotérique du Coran (Qur'ân). Bien
que fidèles à la loi de l'Islam, et respectant ses observances,
les soufis (sûfîs) tenaient pour secondaires les manifestations
publiques du culte et donnaient une priorité absolue à l'expérience
personnelle de la présence divine, dont le monde créé et
l'homme lui même ne sont que les émanations. Cette expérience
devenait possible grâce à la méditation, réduite
souvent à la technique du dikhr, répétition incessante
du nom de Dieu, au cours de laquelle l'âme se souvient de son créateur
et s'unit à lui.
Durant cette période le chef des soufis (sûfîs) fut Hasan
al-Basrî(642-728). Bien qu'il n'ait pas fondé un ordre, ses
disciples constituèrent une communauté de style monastique à
Abadan près de Bassora en Irak. Le mouvement ascétique se transforma
alors en une authentique théosophie dont l'un des premiers représentants
fut al-Muhâsibî (781-837) apôtre du renoncement à
soi qui vécut à Bagdad. Le concept d'union avec Dieu, quête
suprême des soufis (sûfîs), suscita une vive hostilité
chez les théologiens musulmans orthodoxes. C'est ainsi qu'en 922 le soufi
(sûfî) persan al-Hallâj fut exécuté à
Bagdad en raison de ses idées "hérétiques" il avait écrit:
"Je suis devenu celui que j'aime et celui que j'aime est devenu moi. Nous sommes
deux esprits confondus en un seul corps." Ces mots violaient le principe fondamental
de l'Islam: "Il n'est de Dieu que Dieu".
La confrérie des Mawlawiyya ou derviches tourneurs a été fondée au XIVème siècle à Konya. |
Pendant la seconde période du soufisme (sûfisme), plusieurs confréries virent le jour, dont les membres vivaient en communauté et menaient une existence monacale, observant des rituels stricts, des services collectifs. Ce fut l'époque des grands penseurs tel Abî Hamid al-Ghazzâlî (1058-1111) qui tenta de réconcilier le soufisme (sûfisme) et la théologie. Après une vie d'étude poussée en droit, philosophie et théologie et un rôle de théologien et de juriste de premier ordre, al-Gazzâlî, troublé par le matérialisme de ses collègues et une crise spirituelle, se sépara de ses biens et devint un saint homme. Selon lui, le chemin le plus sûr pour accéder à la connaissance spirituelle passait par l'expérience personnelle plutôt que par l'intellect. La grande préoccupation des soufis (sûfîs) de cette époque fut de découvrir le nature du vrai "moi". Cette tendance fut illustrée dans le Mathnawî uvre du mystique persan Djalâl al-Din Rûmi (1207-1273). Le Mathnawî ou Coran (Qur'ân) de la littérature persanne offre un véritable trésor de doctrines mystiques exposées en six livres de poèmes lyriques dont le thème dominant est l'exploration des relations entre le moi et le Dieu unique. Il fonda également le confrérie des derviches tourneurs dont la danse sacrée prend la forme d'un tourbillon provoquant un état de transe propice à la communion avec le cosmos et le créateur transcendant. Une longue pratique a permis à certains d'expérimenter le fana ou extinction, c'est à dire la perte de toute appréhension de leur moi matériel.
La danse sacrée des derviches tourneurs crée un état de transe propice à la communion avec Dieu. |
Jalâl al-dîn Rûmî est reconnu comme l'un des plus grands mystiques de tous les temps. Son uvre immense exprima l'essence même du soufisme (sûfisme), qui atteint avec lui son apogée, mais tout entière consacrée à la nostalgie du divin, à la célébration d'un amour terrestre en apparence mais qui est en réalité une hypostase de l'amour divin. Elle en acquiert une portée vraiment universelle.
La vie
Etude du Coran (Qur'ân) dans une madrassa sunnite. |
A la naissance d'un enfant, l'usage veut que l'on récite l'adhân, l'appel à la prière. Il faut ensuite lui choisir un nom qui a soit une signification historique ou religieuse, comme Muhammad, Husayn pour un garçon ou Fâtima, Khadîja pour une fille soit, comme le prescrivait le prophète, prendre un nom commençant par 'Abd (serviteur) comme 'Abd Allâh. Il est normalement prescrit de sacrifier deux moutons pour la naissance d'un garçon et un pour la naissance d'une fille mais certaines communautés ne sacrifient qu'un animal quelque soit le sexe du nouveau né. Ce sacrifice a lieu le septième jour après la naissance. Pour les garçons, il n'est pas fait mention de la circoncision dans le Coran (Qur'ân) mais c'est une pratique habituelle remontant aux temps pré islamiques. Elle a donc lieu dans l'enfance. Ce sont les parents qui ont la charge d'enseigner les rudiments d'éducation religieuse.
Femme portant le hijâb. |
Le mariage est recommandé par l'Islam et en particulier par la sunna
du Prophète, il est considéré comme un bienfait. Tout mariage
forcé est interdit, une femme ne peut donc pas être contrainte
d'épouser un homme qu'elle n'a pas choisi. Dans le contexte historique
de la naissance de l'Islam, les arabes pré islamiques pratiquaient une
polygamie sans récession. Le Coran (Qur'ân) admet donc la polygamie
mais limite à quatre le nombre d'épouses. Les modalités
de cette polygamie limitée ont été révélées
au prophète (troisième verset de la quatrième Sourate (Sûra))
après la guerre d'Uhud où de nombreux combattants musulmans furent
tués laissant veuves et orphelins dans le dénuement. C'est pour
remédier à cette situation que la polygamie a été
admise mais il ne s'agit en aucun cas d'un droit. Le mari doit assurer une parfaite
égalité entre ses épouses et il est même interdit
à un homme de prendre plusieurs épouses s'il est incapable d'assurer
ses devoirs. Lors du contrat de mariage, établit par un qâdî
(juge) l'épouse peut imposer au mari la monogamie. Celui ci ne pourra
alors contracter un autre mariage qu'à des conditions très particulières
(grave maladie, stérilité
) après l'autorisation d'un
conseil d'arbitrage qui devra tenir compte du consentement de la première
épouse lorsque cela est possible, l'aliénation mentale étant,
par exemple, une exception.
Le mariage n'est pas un sacrement
mais uniquement un rituel qui n'est donc pas forcément
célébré à la mosquée. Il est interdit en cas
de proche parenté de sang mais aussi de "lait". La loi autorise le
mariage d'un homme avec des femmes des religions du livre (Ahl al-kitâb)
mais non l'inverse du fait que les enfants appartiennent au mari. Elle
prévoit également le versement d'une dot à
l'épouse.
La répudiation est autorisée même si un hadîth stipule
que le divorce est la chose la plus haïssable aux yeux de Dieu. De nos
jours, la polygamie est seulement présente dans les pays pauvres où
l'éducation est absente. Certains pays comme la Tunisie ont interdit
cette vieille tradition ancestrale. Cette pratique a tendance à disparaître
de nos jours.
Prière de la fin du jeûne à Jérusalem. |
La condition féminine dans l'Islam est plus souvent soumise au poids
des préjugés qu'à l'observance stricte du Coran (Qur'ân).
Ainsi le port du voile (hijâb), considéré comme une protection
contre l'agression sexuelle, n'est pas prescrit explicitement par le livre ni
adopté par la loi. Le port du voile était à l'époque
de Muhammad quelque chose de tout à fait courant, toutes les femmes ou
jeunes filles honorables du Proche-Orient portaient un voile plus ou moins masquant
selon les régions quelque soit leur religion et cette tradition remonte
bien avant les religions monothéïstes. A l'origine hijâb désigne
toute chose qui empêche de voir, qui délimite l'espace intime et
l'espace public. Le Coran (Qur'ân) demande simplement aux femmes de "rabattre
le voile sur la gorge" (sourate (sûra) 24;31), de l'arabe jûyub
qui peut se traduire par décolleté. Il existe ainsi de nombreuses
différences quant à l'interprétation de cette phrase puisque
l'on trouve le haïq blanc des femmes du Maghreb, le tchador noir des musulmanes
d'Asie centrale jusqu'à la burqa de la femme afghane. Il n'existe pas
dans le Coran (Qur'ân) de texte arbitrant entre ces différents
habillements. Il est par contre certain que le corps de la femme est awra "chose
restant à découvrir" ce qui sanctifie et légitime
la pudeur.
C'est à partir du XIXème siècle que certains
intellectuels islamiques ont commencé à parler de condition féminine,
celle ci n'ayant pas évolué depuis les débuts de l'Islam.
De nos jours, si certaines femmes du monde islamique ont accédé
à de hautes responsabilités, le statut officiel n'a guère
évolué. Elle reste soumise à l'autorité du père,
du mari, des frères et elle continue à être diabolisée
comme objet de tentation. Si l'on se réfère à la charia
(sharî'a), il est toujours possible de lapider une femme pour adultère.
Si l'on se reporte au contexte de la naissance de l'Islam, la nouvelle religion
a, à l'époque, libéré la femme des contingences
matérielles. Ainsi même si l'homme épouse une femme plus
riche que lui, c'est tout de même à lui d'assurer la subsistance
économique de la famille. De la même façon, lors d'un héritage,
l'homme reçoit deux fois plus que la femme mais celle ci en a un usage
tout à fait personnel alors que l'homme doit assurer ses responsabilités
sociales. Il est à noter que contrairement aux traditions bibliques qui
font porter à la femme le poids du péché originel, le Coran
(Qur'ân) l'attribue à satan (iblîs) et à la capacité
de l'homme à faire le mal. Ainsi à l'époque du prophète,
alors que l'église catholique en était à discuter si les
femmes avaient une âme, le texte sacré du Coran (Qur'ân)
était autant attribué aux hommes qu'aux femmes. Il n'en reste
pas moins que dans le contexte moderne et avec les progrès sociaux, la
réévaluation de certains aspects de la condition féminine
est inévitable.
Rassemblement dans le désert pour fêter l'anniversaire de la naissance du prophète. |
Les deux plus grandes fêtes de l'Islam sont celles de la fin du mois de ramadan qui marque la rupture du jeûne et le 'Îd al-adhâ encore nomme 'Îd al-kabîr au moment où doivent avoir lieu les sacrifices du pèlerinage à La Mecque. Pour cette seconde fête, il est recommandé d'offrir une tête de bétail et de distribuer une part de l'animal aux pauvres. Lors de ces deux fêtes, on prononce une prière appropriée, salât al-Îd. D'autres fêtes non canoniques sont célébrées dans le monde musulman telle la commémoration de la naissance du prophète.
Cimetière musulman à Rabat au Maroc. |
A l'approche de la mort, quelques versets du Coran (Qur'ân) sont récités à l'agonisant qui lui, doit prononcer la shahâda, où profession de foi. La dépouille toilettée, doit ensuite être enveloppée d'un kafan, linceul non cousu puis on prononce la prière des morts, salât al-jinâza, en groupe, femmes et hommes ensemble. L'enterrement a lieu en général le lendemain du décès au matin et les hadîths désapprouvent les obsèques trop somptueuses. Un banquet funèbre est offert entre le septième et le quarantième jour après le décès en évitant une période de trois jours de consolation funèbre, moment des condoléances et de lecture du Coran (Qur'ân).
Les fêtes
musulmanes. Jour de l'Hégire: C'est le nouvel an qui commémore le départ de Muhammad pour Médine en 622. La naissance du prophète: Célébration de la naissance de Muhammad vers 570. Laila al-bar'h: La nuit du pardon pour se préparer au Ramadan. Le ramadan: Le jeûne rituel qui dure tout le mois. Lailat al-qadr: Commémore la révélation du Coran (Qur'ân). 'Id al-fitr: Célébration de la fin du ramadan. On donne aux pauvres et aux enfants. Dhu al-hijja: C'est le mois durant lequel le pélerinage à La Mecque doit s'accomplir. 'Id al-adha: Fête de 4 jours célébrant la fin du pélerinage. On sacrifie des animaux et on distribue la viande aux pauvres. |
Les paroles
Paroles d'Hallâj
"J'ai vu mon seigneur par l'il du cur. Je dis: "Qui es tu ?" Il me répondit: "Toi.""
Paroles d'Ibn al-'Arabî
"Mon cur est capable de toutes les forces. Il est le cloître du chrétien, le temple des idoles, la prairie des gazelles, la Kabba (Ka'ba) du pèlerin, les tables de la loi mosaïque, le Coran (Qur'ân) des fidèles."
La calligraphie a une grande importance dans l'art musulman et pallie souvent à l'absence d'art figuratif à l'intérieur des mosquées mais aussi à l'intérieur des foyers des croyants. Cette conception musulmane de l'unicité du créateur de toutes choses qui ne doit pas être copiée par les hommes est héritée du Judaïsme. |
Paroles de Jalâl al-dîn Rûmi
"Le passé et le futur n'existent qu'en relation avec toi; tous
deux ne sont qu'un, c'est toi qui penses qu'ils sont deux."
"Si vous
désirez que votre cur
brille de tous ses feux;
Il faut
travailler un peu
Mais quel polissage doit il subir,
le grand
miroir du cur
pour briller avec autant d'éclat ?"
Paroles du Coran (Qur'ân)
"Tourne donc ta face dans la direction de la mosquée
sacrée. Où que vous soyez, tournez votre face dans sa direction."
2:145
"Dieu est la lumière des cieux et de la terre
Lumière sur lumière ! Dieu guide vers sa lumière qui le
veut." 24:35
"O toi, âme apaisée! Retourne vers ton
Seigneur, satisfaite et agréée; entre donc avec mes serviteurs;
entre dans mon paradis." 89:27-30
Les sons
L'Adhan, appel à la prière
Récitation du Coran (Qur'ân)
Glossaire
Abû Bakr: Dit al-Siddiq "le très véridique" est
le beau-père de Muhammad. Il fut le premier calife (632-634). Il adhéra
parmi les premiers à l'Islam. Considéré comme le second
du prophète, il conduisit le pèlerinage à La Mecque en
631 et à la mort de Muhammad, il fut choisi par les musulmans de Médine
pour diriger les croyants avec le titre de Khalîfat al-Rasûl Allâh
(successeur de l'envoyé de Dieu).
Al-Ghazzâlî: (Abû Hamîd Muhammad). Théologien,
mystique et penseur de l'Islam (1058-1111) qui après avoir professé
à Bagdad, fut pèlerin errant pendant près de dix ans. Il
revint enseigner à Nishâpûr avant de se retirer à
Tûs où il vécut comme soufi (sûfî). Son uvre
principale "Revivification des sciences religieuses" est l'un des documents
primordiaux pour la connaissance des sciences et de la foi islamique.
Al-Hallâj: (Al-Husayn ibn Mansûr). Né vers 857 et
mort vers 922, ce théologien soufi (sûfî) accomplit 3 pélerinages
à La Mecque. Mystique extrémiste chiite (shî'ite), il prêcha
pendant 5 ans l'union mystique, la monogamie et fit de nombreux disciples. Accusé
de magie, il fut condamné à 9 ans de prison avant d'être
décapité. Il écrivit de nombreuses prières, souffrit
la passion et annonça sa résurrection. Auteur de "La passion d'Hallâj"
il est toujours vénéré dans la communauté soufi
(sûfî).
Al Isrâ': Il s'agit du voyage nocturne du prophète qui fut transporté
à Jérusalem dans la nuit du 27 au 28 du mois de Rajâb où avec tous
les prophètes, notamment Ibrâhîm-Abraham, Mûsâ-Moïse
et 'Isâ-Jésus, il dirigea la prière en tant qu'Imâm,
sur l'emplacement du temple de Sûlayman (Salomon).
Al-Mahdî: De l'arabe le Bien dirigé, l'Attendu. Dans l'Islam
chiite (shî'ite), nom donné au descendant du Prophète qui
doit apparaître à la fin des temps pour convertir le monde et rétablir
l'ordre et la justice. Le chiisme (shî'isme) compte l'Imâm caché
comme le douzième Imâm descendant de 'Alî.
Al-Mi'râj: L'ascension est la suite immédiate du voyage
nocturne. Accompagné par Jibrâ'îl (Gabriel) le prophète
s'éleva dans les cieux en partant du rocher qui se trouve aujourd'hui
dans la Mosquée du Dôme à Jérusalem sur une monture
appelée al-Bûraq. Au cours de ce voyage Muhammad put s'entretenir
avec Allâh qui lui prescrivit 50 prières par jour pour les musulmans.
Mais sur les conseils de Mûsâ-Moïse, il obtint une réduction
à 5 prières.
'Alî: Quatrième calife (600-661) cousin de Muhammad. Il
fut un des premiers musulmans et épousa Fâtima, la fille du prophète.
Après l'assassinat d'Othman ('Uthmân) (656) il fut reconnu calife
par les musulmans de Médine. Mais après l'arbitrage qui se substitua
à la bataille de Siffin (658) 'Alî perdit le califat. Il fut assassiné
en 661 par un kharidjite. Les chiites (shî'ites) lui accordèrent
un pouvoir semi-divin transmis par Muhammad dont héritèrent ses
deux enfants.
Allâh: Dieu en arabe. C'est le pivot de la foi islamique. Le Coran
(Qur'ân), parole d'Allâh, prêche l'inaccessible mystère
de Dieu, énumère ses noms et attributs et décrit ses actions.
Il est créateur, juge et rédempteur. Il est unique et un. Il n'engendre
pas et n'est pas engendré. Il est omnipotent, omniscient et maître
des mondes.
Apostasie: Renonciation aux vux de la foi.
Ash'arites: Nom donné aux disciples d'al-Ash'ari (873-935). Théologien
musulman, fondateur de la scolastique orthodoxe, il affirma la transcendance
de Dieu et détermina la responsabilité directe et absolue de Dieu
dans tout acte humain. Enfin il considéra le Coran (Qur'ân) comme
la parole éternelle de Dieu sans début ni fin.
Basmala: ou Bismillâh. Il s'agit de la phrase qui débute
presque chaque sourate (sûra) du Coran (Qur'ân): "Au nom de Dieu
clément et miséricordieux".
Le Dôme du rocher de la mosquée d'Omar ('Umar Khattâb) à Jérusalem. C'est un des principaux lieux saints de L'Islam. Elle fut édifiée entre 688 et 691 et contient à l'intérieur du dôme le rocher sur lequel Abraham devait sacrifier son fils. |
Calife (Khalîfa): Souverain musulman, successeur de Muhammad.
On peut citer le calife de Bagdad, les califes abbassides et almoravides.
Chaféites: Adeptes du théologien Muhammad ibn Idrîs
al-Shâfi'i qui fonda l'une des quatre écoles juridiques de l'islam
orthodoxe.
Charia (Sharî'a): Ce mot signifiant source est la loi islamique.
Elle est considérée comme un élément essentiel de
l'Islam, capable de protéger et d'assurer la cohésion de la communauté
des musulmans. Les savants musulmans dont le nom générique est
'Ulamâ', sont les connaisseurs de la religion et de la loi. Muhammad déjà
prenait position dans le Coran (Qur'ân) sur le droit coutumier de l'Arabie
ancienne et proclamait ses principes moraux sous la forme d'une pensée
juridique, formalisée en commandements.
Chiites (Shî'ites): Partisans de 'Alî, ce mot vient de shî'at
'Alî, action de prendre le parti de 'Alî. Pour ce qui est de la
croyance et de la pratique, peu de choses les séparent des sunnites,
si ce n'est le fait que les chiites (shî'ites) exaltent leurs imams, une
lignée de chefs qu'ils regardent comme des prédicateurs inspirés.
Politiquement des conflits aigus eurent lieu entre les deux groupes.
Le Taj Mahal construit par Shâh Jahân pour son épouse morte en couches est le mausolée le plus célèbre du monde. Sa porte gigantesque comporte un extrait de la Sourate (Sûra) 89 du Coran (Qur'ân) ("l'aube") où Dieu invite l'âme à entrer dans son paradis. |
Coran (Qur'ân): Vient du mot arabe qurlan signifiant "lecture". C'est le
livre saint de l'Islam considéré comme la parole de Dieu
transmise à Muhammad par l'ange Gabriel. On y trouve la doctrine et les
prescriptions que doivent respecter les musulmans. Le Coran (Qur'ân) est l'immuable et
unique critère de l'Islam.
Dervishe: Mot persan signifiant "pauvre". Les derviches sont des religieux
appartenant à différentes confréries issues du Soufisme
(Sûfisme) fondées par Djalâl al din Rûmî au XIIIème
siècle. Ils vivent en communauté ou en ermites et on les rencontre
en Turquie et dans une moindre mesure dans la plupart des pays d'orient.
Dikhr: Signifiant "réminiscence", c'est une manière chez
les soufis (sûfîs) d'expérimenter directement la présence
de Dieu en oubliant tout autour de soi.
Djinn (Jinn): Génie (êtres spirituels de monde sub-lunaire)
qui peuvent servir de manière constructive ou destructrice. La lumière
des anges symbolisant la sagesse est très différente du feu dont
sont faits les djinns.
Duodécimains: C'est la branche la plus importante du chiisme (shî'isme)
qui forme la majorité des musulmans d'Iran et constitue aussi de petites
communautés en Irak du sud, en Syrie, au Liban
Les chiites (chî'tes)
duodécimains reconnaissent 12 imams comme descendants légitimes
de 'Alî, le cousin et gendre de Muhammad.
Fatwa: Expression sous laquelle on désigne les décisions
juridiques prises par les muftîs, suppléant aux règles et
législations contenues dans le Coran (Qur'ân) ou dans la tradition
(hadîth). Une fatwa est exprimée par le raisonnement analogique
(qiies) ou par le consensus de docteurs savants (ijmâ'). Il s'agit souvent
de problèmes liés à la propriété et aux successions
ou aux dispositions matrimoniales ainsi qu'aux rapports établis entre
le droit coranique (qur'ânique) et la société moderne ou
étrangère à l'Islam, qui doit incorporer des activités
relevant des technologies contemporaines telles que médias, médecine,
réglementations sociales
Hadîth: Mot arabe signifiant conversation ou récit. C'est
l'ensemble des maximes de Muhammad, donnant des explications complémentaires
du Coran (Qur'ân) ou des décisions du Prophète prises sur
une situation réelle de la vie courante. Les hadîths sont constitués
par
- Les sentences et prescriptions de Muhammad, ses
observations et ses jugements sur différents problèmes et
situations.
- Sa conduite et sa façon d'accomplir ses devoirs
religieux, son attitude dans l'application de certaines règles.
- La
manière dont il réglait la vie de sa communauté, ce qu'il
admettait, interdisait, réprouvait ou recommandait aux siens.
Les hadîths ont retenu tout ce qui intéresse la direction de la
communauté musulmane dont ils ont fait la référence normative
et obligatoire permettant d'établir des lois ou des décrets (fatwa).
La mosquée du Prophète à Médine. Il est recommandé, après avoir réalisé le pélerinage à La Mecque de rendre visite au Prophète à Médine. |
Hajj: Nom du pèlerinage de La Mecque, l'un des cinq piliers de
l'Islam. Il doit être accompli au moins une fois dans la vie de tout musulman
qui en a les moyens physiques et financiers. Dans le rituel du pèlerinage,
le croyant doit offrir des sacrifices et se vêtir de l'irhâm, la
robe blanche sans couture qui sera un jour le suaire du pèlerin. Le titre
de hâji est donné à celui qui a accompli le pèlerinage
et peut l'ajouter à son nom afin que nul n'ignore qu'il a accompli ce
devoir essentiel.
Hanafites: Adeptes d'Abû Hanîfa, fondateur d'une des quatre
écoles juridiques de l'Islam sunnite implantée en particulier
en Turquie.
Hanbalites: Disciples du théologien Ahmad ibn Hanbal qui fonda
une école juridique sunnite opposée à l'ésotérisme
soufi (sûfî) et à toute pratique et théologie n'ayant
pas son origine dans le Coran (Qur'ân) et la sunna.
Hasan al-Basrî: (642-728) Eminent théologien renommé
pour sa piété et son ascétisme qui eut le courage de désapprouver
l'accession au califat de Yazîd, ivrogne et débauché, indigne
successeur de son père Mu'âwiya, fondateur de la dynastie omeyyade
(umayyade). Cette opposition religieuse aboutit au renversement des Omeyyades
(Umayyades) par les Abbâssides.
Imâm: De l'arabe amma, marcher devant, guider, diriger. Il fut
attribué à Muhammad puis aux califes qui lui succédèrent.
Imâm désigne à la foi le pouvoir spirituel et le pouvoir
temporel. Les sunnites donnent le titre d'imâm aux fondateurs des quatre
grandes écoles et à quelques grands théologiens tandis
que les chiites (shî'ites) comptent seulement 12 Imâms. Plus communément
l'imâm est un laïc qui dirige la prière du vendredi à
la mosquée. Il est choisi parmi les fidèles les plus vertueux
et les plus pieux du lieu où se trouve la mosquée.
Ismaéliens: Ismâ'îl, désigné par son
père l'Imâm Ja'far al-Sâdiq, vit se grouper très tôt
autour de lui des adeptes enthousiastes. Il dût cependant rester caché
pour éviter de se faire persécuter. Ja'far al-Sâdiq mourut
en 765 après avoir choisi, pour lui succéder, son second fils
'Abd Allâh afin de brouiller le vraie désignation (nass). Mais
celui-ci fut lui aussi emporté par la mort 70 jours à peine après
son père. De Muhammad Ibn Ismâ'îl, les ismaéliens
firent alors leur septième Imâm. Les ismaéliens établissent
une nette distinction entre le zâhir, extérieur et exotérique
et la bâtin intérieur et ésotérique. Le zâhir
concerne tout ce qui est parlant et signifiant, évident et transmis par
les textes du Livre et qui peut être transformé. Le bâtin
est symbolique et concerne essentiellement les vérités transmises
par la tradition et la symbolique, que seule l'analyse, l'exégèse
peuvent amener à la conscience, à la manière dont la gnose
transmet la connaissance.
Jalâl al-dîn Rûmî: Né en 1207 et mort
en 1273. C'est un maître soufi (sûfî), sage et poète,
connu aussi sous le nom de Mawlana. Il créa sa propre tarîqa (voie)
et devint maître vénéré après avoir organisé
un ordre monastique de dervishes tourneurs.
Jihâd: C'est un terme complexe qui est souvent réduit à
la signification de "guerre sainte" qui est le slogan des groupes islamistes
radicaux. Dans le Coran (Qur'ân), il signifie "effort vers la voie de
Dieu" qui est une tentative pour parvenir à un ordre moral parfait dans
la société et dans la vie de chaque individu.
Ce mihrâb de la mosquée Hassan II à Casablanca marque la direction de La Mecque comme tous ses semblables. Lors de la prière collective l'imâm prend position devant le mihrâb. |
Kaaba (Ka'ba): Mot arabe signifiant cube. Dans le sanctuaire de La Mecque,
la Ka'ba, surnommée Demeure d'Abraham est un édifice cubique de
11 mètres dans toutes ses dimensions, dans lequel est enchâssée
à l'angle oriental, la pierre sacrée noircie par les péchés
des hommes que les musulmans s'efforcent de toucher lorsqu'ils viennent en pèlerinage.
Khârijites: Membres du plus ancien mouvement politico-religieux,
né en Islam à propos de la controverse concernant la légitimité
du califat. Les khârijites insistèrent sur la liberté de
choix de tout musulman pour la nomination du calife.
Khutba: Sermon du prédicateur qui a lieu le vendredi lors de la
prière collective. Le prédicateur monte dans le minbar, chaire
en escalier souvent le seul meuble de la mosquée qui lui permet d'être
vu et entendu de tous.
Madrassa: Collège religieux pouvant être considéré
comme une extension de la mosquée car il est aussi bien un lieu d'étude
que de culte.
La Mecque: Ville sainte des musulmans où naquit le prophète
Muhammad. La Mecque était déjà un grand centre de pèlerinage
avant la naissance de Muhammad car on y vénérait la Kaaba (Ka'ba)
qui selon la tradition avait été disposée là par
Abraham et son fils Ismaël. Muhammad a défini cet édifice
comme un lieu saint des saints, comme le centre du monde islamique vers lequel
tous les croyants doivent s'orienter pour les prières rituelles.
Vue intérieure de la mosquée du prophète Muhammad à Médine. C'est à l'intérieur de cette mosquée que se trouve le tombeau du prophète. |
Médine: Appelée aussi al-Madînat al-Nabî, la ville du maître. Médina, c'est à dire la ville est située en Arabie à 150 km de la mer rouge. Elle reçut Muhammad, sa famille et ses premiers compagnons lorsqu'ils s'y réfugièrent en 622. C'est la raison pour laquelle on la nomme aussi la ville éclairée (al-munawwara). Les tombeaux du prophète, celui de sa fille et ceux des premiers califes en font le second centre de pèlerinage de l'Islam, où les fidèles se rendent souvent après être allés à La Mecque.
La grande mosquée de Cordoue en Espagne. Les mosquées peuvent avoir des formes et des tailles très variables. Elles partagent cependant un certain nombre de points communs, le hall, le Mihrâb et le minaret. |
Mosquée: De l'espagnol mezquita et de l'arabe masjid, signifiant
lieu où l'on adore. De forme quadrangulaire, la mosquée est surmontée
d'une ou plusieurs coupoles symbolisant ensemble la terre et la voûte
céleste. L'édifice est pourvu d'un ou de plusieurs minarets d'où
le muezzin appelle cinq fois par jour à la prière. Aux Mosquées
sont souvent rattachées une bibliothèque, une université,
une école coranique (qur'ânique) la Madrassa
Muezzin (mu'adhdhin): Religieux d'une mosquée qui appelle 5 fois
par jour les fidèles à la prière. Du sommet d'un minaret
il récite l'adhân.
Muhammad: Le loué. Fondateur de la religion islamique, né
à La Mecque vers 570, mort à Médine en 632. Généralement
appelé le Prophète de Dieu (Rasûl Allâh), Muhammad
fut berger avant d'organiser des caravanes et d'être un négociant
prospère, heureux en famille avec sa femme et ses 4 filles, dont Fâtima
qui épousa 'Alî. C'est à 40 ans qu'il eut ses premières
révélations dans lesquelles l'ange Gabriel lui annonçait
les paroles de Dieu. Mohomet forma alors un groupe de disciples et après
de nombreuses luttes contre les autorités de La Mecque qui le rejetaient,
il dut s'exiler à Médine. Cette fuite est à l'origine du
calendrier musulman, il s'agit de l'an 1 de l'hégire. Peu à peu
le Prophète gagna les populations à la cause de l'Islam, chassa
les juifs de Médine (628) et devint maître de La Mecque en 630
qu'il institua en ville de pèlerinage.
Mu'tazilites: "Ceux qui se séparent". Sectateurs d'une doctrine
religieuse islamique fondée au VIIIème siècle
par l'ascète Wasîl ibn 'Atâ' mort en 748. Dressés
contre les docteurs orthodoxes, les mutazilites firent appel à la raison
('aql) comme source de connaissance religieuse. Ils professaient que l'homme
est libre des ses actes, la justice divine devant récompenser les bons
et châtier les méchants. Selon eux, l'unité divine n'est
pas susceptible d'attributs et il n'y a point de parole divine, d'où
leur conception d'un Coran (Qur'ân) créé qui ne peut être
éternel comme Allâh.
Omar ('Umar): Deuxième calife qui régna de 634 à
644, successeur d'Abû Bakr, 'Umar ibn al-Khattâb est considéré
par les musulmans comme le fondateur de l'Islam bien qu'il ait été
tout d'abord un adversaire du prophète. Cependant après avoir
suivi Muhammad à La Mecque, Omar ('Umar) devint le premier de ses conseillers
et se fit remarquer de tous les croyants par une piété exemplaire
et une vie riche de vertus que prônent les enseignements de l'Islam. C'est
sous son impulsion que l'état musulman dépassa le territoire de
l'Arabie pour pénétrer en Mésopotamie, en Syrie (637) en
Palestine, en Egypte et en Iran.
Othman ('Uthmân): 'Uthmân ibn 'Affân est le troisième
calife qui régna de 644 à 656. Il fut l'un des premiers compagnons
du prophète. Accusé de népotisme pour avoir favorisé
l'ensemble de sa famille et d'hédonisme pour satisfaire les populations
des pays conquis par l'Islam, il trouva la mort lors d'un assaut donné
à son palais par des musulmans révoltés. Cette bataille
vit le début du schisme de l'Islam entre les partisans de 'Alî,
gendre de Muhammad et ceux de la succession élective des califes.
Mosquée de Djenné au Mali. Elle a été bâtie au XIVème siècle en pisé, terre argileuse moulée. |
Shahâda: Premier des 5 piliers de l'Islam. Il s'agit de la profession
de foi: "Il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu, et Muhammad est l'envoyé
de Dieu." Ces mots sont chantés tous les jours lors de l'adhan, l'appel
à la prière.
Sîra: Il s'agit de la biographie du prophète qui est un
texte de référence historique pour l'étude de l'Islam.
La première biographie a été rédigée un siècle
après sa mort par un médinois du nom d'Ibn Ishâq, à
partir des seuls récits de convertis. Elle a une grande valeur spirituelle
et c'est la plus vieille source historique sur le Prophète avec le Coran
(Qur'ân).
Soufisme (Sûfisme): De l'arabe sûf, vêtement de laine
que portaient les premiers soufis (sûfîs). Doctrine mystique de
l'Islam, née en Perse, qui s'opposa au formalisme juridique de certains
docteurs rationalistes. Le soufisme (sûfisme) fut influencé par
les philosophies et religions ayant précédé l'Islam tels
le néoplatonisme, le Bouddhisme, le Zoroastrisme, le Christianisme et
le Manichéisme. Le soufisme (sûfisme) recherche l'amour de Dieu
et, par l'initiation spirituelle, l'extase par la contemplation et la pratique
de la méditation et la pureté de la vie (l'ascèse).
Sourates (Sûras) : De l'arabe sûra (section), c'est le nom
donné aux 114 chapitres du Coran (Qur'ân). Chacune des sourates
(sûras) porte un nom qui à l'origine permettait de les mémoriser
plus facilement. Toutes sont composées de versets (âyât)
rédigés soit en prose, soit en vers, d'une longueur allant de
quelques mots à plusieurs lignes.
Sunnites: De l'arabe sunna, voie, mode de vie du prophète. La
branche principale de l'Islam orthodoxe, dans laquelle les musulmans considèrent
les quatre premiers califes comme les successeurs du prophète car ils
étaient aussi les premiers compagnons de Muhammad.
Wahhabites: Groupe fondé par Muhammad ibn al-Al-Wahhâb au 18ème
siècle qui fut à l'origine de la création de l'Arabie Saoudite en 1932. Ce sont
des puritains de l'Islam qui aplliquent à la lettre les normes morales provenant
de la loi religieuse, la charia (sharî'a).